Un stage en sociologie (politique) des sciences
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- Des stations scientifiques extraterrestres. Enquête sur l’argumentaire et les acteurs mobilisés dans des projets martiens et/ou lunaires.
Stage de Master 2 de 6 mois, Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques (CREDA, UMR 7227 Campus Condorcet).
Date de publication : 8 octobre 2024
Mots clés : études des sciences ; pratiques scientifiques ; politique de recherche ; politique des activités spatiales ; technosciences ; expansionnisme.
Contexte et objectifs du stage :
Ce stage s’inscrit dans le projet SciOUTPOSTS (https://scioutpost.hypotheses.org/), financé par l’ANR (2023-2027) et coordonné par David Dumoulin Kervran. SciOUTPOSTS réunit des sociologues des sciences et du travail pour mettre à l’épreuve d’enquêtes empiriques la notion d’« avant-poste de la science», comme moyen de caractériser des sites de production scientifique typiques de l’expansionnisme impérial qui ne correspondent ni au modèle du laboratoire, ni à celui du terrain ou de l’expédition. Les enquêtes de chacun des 11 chercheur.e.s ainsi réunies permettent d’élaborer une comparaison inédite entre les stations de biologie tropicale et de biologie marine, les observatoires volcanologiques, les observatoires astronomiques, les stations météorologiques, les bases arctiques et antarctiques, mais aussi certains lieux scientifiques plus liminaires, comme les « maisons de fouille » en archéologie ou les projets de bases scientifiques dans l’espace.
Cette recherche collective comparative, centrée sur les outre-mer français permet d’explorer cinq dimensions de ces lieux d’activité : leur matérialité (les avant-postes sont dotés de bâtiments conçus pour une occupation continue à des fins scientifiques) ; leur géographie (ils sont situés sur des territoires éloignés des métropoles et relativement difficiles d’accès) ; leur politique (l’installation de ces bases répond à des objectifs scientifiques, mais s’inscrit aussi dans un cadre politique plus général, orientant notamment les liens des scientifiques avec les sociétés locales) ; leur sociabilité (ces sites induisent une vie collective particulière, marquée par l’entrecroisement des espaces privés et professionnels) ; leur épistémologie (les pratiques scientifiques ancrées dans la spécificité territoriale des avant-postes sont pensées pour la production d’un savoir universel).
Dans ce cadre collectif, le ou la stagiaire aura pour objectif de réaliser une enquête sur les projets d’installation de bases scientifiques extraterrestres pérennes, sur le sol lunaire ou/et sur la planète Mars. Il s’agit d’analyser les argumentaires et les imaginaires mobilisés en faveur de ces projets, sur les plans politique et scientifique, d’une manière générale et dans les cas français et/ou européens. Le ou la stagiaire pourra aussi s’interroger sur la dimension scientifique de ces stations lunaires ou martiennes, en regard des autres usages prévus (parfois plus discrètement).
Cette analyse devra être située au sein de la littérature en pleine croissance[1] sur la conquête spatiale, en articulant un intérêt pour ses dimensions symboliques[2], pratiques[3] et politico-économiques[4]. Il est également attendu qu’elle fasse le lien entre ces travaux et les thématiques centrales du projet SciOUTPOSTS.
L’enquête portera sur deux cas, si possible sur des projets déjà avancés, afin d’en produire une sociologie historique. Les matériaux mobilisés devront être issus d’un corpus de documents constitué à cette fin, voire d’une petite série d’entretiens. À titre d’exemple, on peut mentionner le projet français/européen « Objectif Lune », conduit par le CNES et l’ANRT, ainsi que le projet étatsunien ARTEMIS intégré au programme spatial habité de la NASA et lié aux objectifs affichés par l’International Space Exploration Coordination Group.
Missions :
– réalisation d’un état de l’art synthétique de la littérature sur la question ;
– constitution et mise en ordre d’un corpus documentaire répondant aux objectifs de l’enquête (si possible : conception d’un guide d’entretien et réalisation d’entretiens).
– rédaction d’un rapport proposant une analyse des matériaux collectés durant le travail d’enquête, en discussion avec la littérature sur la question et les thématiques centrales du projet SciOUTPOSTS.
Profil :
Niveau bac +5 : stage pour un.e étudiant.e de M2 en sociologie, histoire, anthropologie, voire sciences politiques, avec de bonnes aptitudes pour l’enquête et la rédaction. Une expérience de conduite d’entretiens, ainsi que la connaissance des études sociales des sciences (science studies) seront également appréciées. La maitrise de l’anglais est nécessaire.
Conditions de travail :
Durée : 35 heures par semaine, 6 mois.
Début du stage : entre janvier et février 2025.
Localisation : CREDA (UMR 7227), Campus Condorcet, Bat. Rech. Sud, 5e étage. Le ou la stagiaire rejoindra l’équipe en charge du projet SciOUTPOSTS, À ce titre, elle ou il pourra bénéficier de financements pour réaliser de courtes missions (recueil de données).
Gratification : Indemnisations mensuelles au taux en vigueur à la date de début de stage (620 euros par mois environ) ; remboursement des frais de transport.
Co-encadrement : David Dumoulin Kervran (PU, CREDA) & Morgan Jouvenet (DR CNRS, Printemps)
Modalité de candidature :
Le dossier est à envoyer par courriel à D. Dumoulin Kervran (david.dumoulin@sorbonne-nouvelle.fr) et Morgan Jouvenet (morgan.jouvenet@cnrs.fr) avant le 20 octobre 2024 et devra comprendre :
– un CV détaillé,
– une copie des relevés de notes de Master 1 (ou équivalent),
– le mémoire de M1 (ou équivalent) en PDF,
– une lettre de motivation dans laquelle le/la candidat.e mettra en valeur l’adéquation de son parcours avec le projet de recherche et justifiera son intérêt pour ce dernier.
Le résultat de la sélection sera notifié aux candidat.es au plus tard le 15 novembre 2024.
[1] Cf. https://ssosnetwork.org/, ou https://ethnoiss.space/; et le Salazar, J. F., Gorman, A. (eds.), The Routledge Handbook of Social Studies of Outer Space. Taylor and Francis – Balkema, 2023; Jouvenet M., Lamy J., Saint Martin A., 2015, « Les activités spatiales, objet sociologique », Histoire de la Recherche Contemporaine 4, p. 171–179.
[2] Martin, L. & Guignard L., « L’aventure spatiale. Présentation », Sociétés & Représentations, vol. 57, no. 1, 2024, pp. 9-17.
[3] Voir par exemple Messeri L., Placing Outer Space: An Earthly Ethnography of Other Worlds, Durham, Duke University Press, 2016.
[4] Cf. notamment Régnauld I., Saint-Martin A., Une histoire de la conquête spatiale. Des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space, Paris, La Fabrique, 2024.